La palette de Pierre

La palette de Pierre

Violettes

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Violettes

 

 

 

J’ai rêvé de l’ancienne chambre

Aux murs et plafonds vêtus d’ambre

À deux pas du frêle escalier.

J’ai vu l’ancêtre dans la place,

Luisant d’ombres et fixant la glace

De sa photo sur le palier.

 

Par la fenêtre au goût de brise

S’agitent des monceaux de frise

Du papier peint se déroulant.

Glissent les fines broderies

Du tissu de la penderie

Par sa corniche s’écoulant.

 

Les souvenirs des décennies

Fleurent le papier d’Arménie

Trompant le tain du vieux miroir.

Le crucifix que la nuit fixe,

Étrangement, brûle d’onyx :

Chapelet de signes en pieux espoir.

 

Crisse plancher de vieilles lattes

Près des carreaux de pierres plates

Quand le sommier vibre à ressorts !

Mais dans ce lit, jamais vilaine,

Épousant matelas de laine,

N’ouvrit en songes ses trésors.

 

Et l’édredon par chaude brique

Devient refuge féérique

Quand l’hiver donne du frimas.

Mais à potron-minet quand gèle

Broc oublié sur la margelle,

Point de toilette en ce climat.

 

Je revois l’antique pendule

Nue sous sa cloche qui ondule

Fixant la lune des saisons.

Je ressens l’odeur d’encaustique

Du chiffonnier clair et rustique

Qu’on astiquait aux floraisons.

 

Et les dentelles me murmurent

Tous les secrets que les draps murent

Au creux des piles dans l’armoire.

J’ai cueilli par delà mes songes

De ces violettes que l’on plonge

En ces parfums de la mémoire.

 

 

 

Pierre Barjonet

Janvier 2015

 

 

 

 



30/01/2015
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