La palette de Pierre

La palette de Pierre

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" Le fleuve pressé "

Illustration originale de Pierre Barjonet - Février 2024 - 40/30 -

Sanguine, crayon sépia, pierre noire et craie Conté

 

N.B. Cliquer sur la photo pour l'agrandir

(comme d'ailleurs, pour toutes les illustrations)

 

 

 

Musique de film jouée au piano " He's a pirate " extrait de " Pirates des Caraïbes " 

 

à écouter en lisant le poème

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conseils pour mieux suivre le déroulement de votre saga :

 

N'oubliez-pas de visiter la rubrique du sommaire

avec un "résumé" de l'épisode en cours :

SOMMAIRE

 

ainsi que la rubrique chronologique :

CHRONOLOGIE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour

 

 

 

 

 

Et l’ordre fut donné, soulevant la clameur

Des soldats impatients, des chevaux, des corneilles,

Des civils empêtrés par de vagues rumeurs

Dans le fracas des roues des calèches trop vieilles...

 

 

Natacha serre Rose en queue de ce convoi.

Liouba les a rejointes menant sa voiture,

Et les femmes s’escriment donnant de la voix

Pour conserver leur file en ce flot qui sature.   

 

 

Surgit un cavalier bousculant les chariots !

C’est Joseph, flamboyant, qui brûle d’impatience.

« Ses princesses » sourient des efforts impériaux

Qu’il déploie pour frayer leur chemin d’insouciance.

 

 

La foule qui s’amasse enjambe ce chaos.

Elle fuit la cité, mais obstrue sa sortie,

S’épuise bien trop tôt à subir les cahots

Qui brisent les essieux que plus rien n’amortit.

 

 

Au cœur de ce fatras, Natacha se blottit

Contre son chien Livreur1 qui grogne si quiconque

Tente de se hisser pour être mieux loti

Qu’en l’un de ces fourgons ou troïkas2 quelconques.

 

 

Joseph joue de son fouet pour ouvrir le chemin

À la troupe des femmes et des vivandières,

Des enfants d’officiers munis de parchemins,

Des cantinières rudes et des lavandières.

 

 

Un cheval affolé disloquant son harnais

Se lance sur le pont, effrayant à la ronde

La cohorte des gueux « français réincarnés »3

Qui suivent cette armée, quittant leur sol, en fronde.

 

 

La querelle à l’affût, Chasseurs et Voltigeurs4

S’amusent à moquer ces piètres équipages

Embourbés sous le poids d’un butin voyageur.

Sous des jurons furieux, la fièvre se propage !

 

 

Et la colonne bave en écume des mors

Quand les chevaux renâclent si bien qu’ils se cabrent

En bruit assourdissant comme le chant des morts

Prolongeant la vision des carrioles macabres.

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Janvier 2024

 

 

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Saga poétique romancée « Le carnet gelé » créée par Pierre BARJONET

a/c janvier 2023

Saison 3 « glacial », Poème 1 « Retour » (Janvier 2024)

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lorsque Napoléon prit conscience de l’incroyable tohu-bohu provoqué par ce raz de marée humain et hétéroclite du convoi qui prit la route du retour en ce 19 octobre 1812, il dit : « Chacune de ces voitures sauvera deux blessés et nourrira plusieurs hommes en attendant qu’on s’en débarrasse insensiblement » (cf. Mémoires du général Baron de Marbot). Il laissa faire cette sorte de « peuplade nomade » car il avait bien conscience que ces chariots, charrettes et bagages qui ne dureraient qu’un faible temps alimenteraient malgré tout, les premières semaines de la retraite. (Cf. les mémoires historiques et militaires sur la Campagne de Russie par le Comte Roman Soltyk).

 

 

 

 

NOTES DE LECTURE ET DE SITUATION HISTORIQUE

 

 

1 Le chien Livreur fut offert par Napoléon au Tambour Nicolas. C’est un « chien loup de Tchécoslovaquie », c’est-à-dire le croisement d’un berger allemand et d’une louve des Carpates. Sa robe est grise argentée avec pour Livreur des reflets roux. Voir mon poème « Livreur ».

 

2 La troïka est un attelage spécifiquement russe composé de trois chevaux tirant de front un chariot à roues ou une grande luge à patins de glace selon les saisons.

 

3 En sus des hommes de la Grande-Armée, soldats, sous-officiers et officiers, se trouvaient comme toujours avec la troupe, différents services d’administration et d’intendance composés de militaires et de civils, hommes, femmes et souvent aussi des enfants. L’on y trouvait notamment les fourriers (linge et uniformes), les armuriers, le service des postes, les secrétaires, comptables, intendants, cartographes et dessinateurs rattachés aux fourgons du petit et du grand État-major (assurant par exemple la solde et les billets de logement), les cantines roulantes avec les cantinières et les vivandières chargées de « l’ordinaire », mais aussi les bouchers, les fourgons de vivres et de provisions comme ceux liés au palais avec le nécessaire au dressage des camps et tables d’apparat, les lingères, buandières et blanchisseuses, les équipages du train (transport, voitures), les estafettes de reconnaissance et des dépêches, ceux du fourrage aux chevaux, le service de santé avec ses ambulances (hôpitaux de campagne),  le génie avec ses sapeurs et ses pontonniers emportant leurs matériels et matériaux, le train d’artillerie avec l’arsenal mobile, les gendarmes, les fourgons impériaux du trésor, le train des équipements de camps et bivouacs, les fourgons de fanfare, les maréchaux-ferrants, la santé vétérinaire, les voitures d’aumôniers, les maîtres d’armes, les écuyers, les palefreniers,  sans oublier... les chariots de grisettes (prostituées). On le voit, c’était là une véritable ville en déplacement.

 

Mais ce n’est pas tout, une horde de civils fuyant Moscou s’était infiltrée dans les convois avec également leurs voitures, fourgons et chariots. C’étaient de pauvres bougres attirés par le prestige de la France, mais aussi nombre de femmes aristocrates ou non qui s’étaient entichées de leur bel officier ou vaniteux guerrier...

Il y avait aussi beaucoup de juifs (Nombreux en Pologne et en Russie ; c’est ainsi que les témoins de l’époque les nommaient NDLR) qui s’organisaient pour commercer avec la troupe. Enfin, comme toujours en marge des armées en campagne, des pillards et des vauriens, souvent des déserteurs déguisés, s’infiltraient en quête de maraudes et larcins, notamment sur les champs de bataille (rappelez-vous les Thénardier à Waterloo, de Victor Hugo) ...

 

4 Les chasseurs, et les hussards sont des cavaliers relevant de la cavalerie légère ayant mission de reconnaissance et des dépêches. Les voltigeurs étaient plutôt des fantassins portés en croupe derrière des cavaliers afin de se rendre rapidement en 1re ligne, donc très acrobates d’où leur nom.

 

 

QUELQUES ILLUSTRATIONS

 

 

Sous la pluie froide transformant les chemins en boue, l'incroyable colonne ininterrompue de milliers de chariots, petites voitures, fourgons, chevaux et mulets guidés par des sortes de cochets inexpérimentés vient s'agglutiner sur la même route et se fracasser dans un désordre hétéroclite de butins, de rapines, de vêtements, de nourriture, de civils, de soldats, de femmes et d'hommes français, russes et de plusieurs nationalités...

 

 

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Un chien loup de Tchécoslovaquie

 

 

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Troïkas

 

 

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Hussards

 

 

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Chef d'escadron au 1er Régiment de Hussards (le mien... NDLR)

 

 

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Chasseurs

 

 

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Chasseurs de la Garde Impériale défilant aux Tuileries devant l'Empereur

(Arc de triomphe du Carrousel)

 

 

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Photographies remarquables d'authentiques vétérans de la Grande-Armée

prises le 5 mai 1858 pour l'anniversaire de la mort de Napoléon 1er. Ils ont combattu auprès de leur Empereur à la bataille de Waterloo en 1815.

 

Ils sont dans la vieillesse, portent la médaille de Sainte-Hélène créée pour les anciens de la Grande-Armée par Napoléon III et, naturellement,

portent leur uniforme retaillé pour l'occasion.

 

Ces photos ont été remises

par l'Université Brown de Providence à Rhode Island (Etats-Unis).

 

 

 

Chasseur à cheval de la Garde Impériale (Maréchal des logis)

 

 

Delignon

 

Chasseur

 

 

Schmitt

 

 

 

1er régiment de Hussards

 

Fabry

 

 

7ème régiment de Hussards

 

Maire

 

 

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06/03/2024
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