L'échiquier
" L'échec " Illustration originale Pierre Barjonet - Juin 2023 - 40/30 - Sanguine et pierre noire
N.B. Cliquer sur la photo pour l'agrandir
(comme d'ailleurs, sur toutes les illustrations)
L.V. Beethoven, Sonate " Appassionata " piano, opus 57
Conseils pour mieux suivre le déroulement de votre saga :
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avec un "résumé" de l'épisode en cours :
ainsi que la rubrique chronologique :
L'échiquier
Renversant l’échiquier, Joseph vient de bondir
En saisissant au col ce vantard imbécile
Qui clamait à l’envi son goût pour arrondir
Ses parties de plaisir, de vierges indociles !
Puis dégainant son sabre au nom de l’Empereur,
Il hurle que l’honneur doit profiter aux femmes !
Et la taverne rit du Joseph procureur,
Et de son vin vengeur quand il s’agit d’infâmes...
Il est vrai que tantôt, l’Empereur fit le gros dos,
Ne sachant que penser des Russes trop sagaces,
Ne sachant alléger un aussi lourd fardeau,
Ne sachant si le jeu serait long ou fugace...
Le filet se referme en l’échiquier des rois,
Portant leurs cavaliers à l’assaut de croix blanches,
Et déplaçant leurs pions au piège de leur droit,
En roquant1 d’impatience au feu qui se déclenche.
Et Joseph ne sait trop que la prise des tours
N’est qu’un mauvais atout face aux fous qui se dament.
Et Joseph se déchaîne en confiant sans détour
La folie des alliés qui rabaissent les dames2.
Quittant l’estaminet, il rejoint le Palais3
Souffrant d’y rencontrer du sire la colère,
Et s’en vient dessiner en croquant un palet,
Un énième schéma de plans protocolaires.
Croisant là, l’horizon du grand État-Major4,
Rose approche en peinant de la place conquise,
De la ville déserte en son décor d’alors5,
Et se fixe à deux pas du château sans marquise.
Lors avec Natacha, lui fournissent du pain,
De la bouillie de seigle en un bouillon qui trempe6,
De la liqueur d’esprit pour donner corps au vin,
Et même du tabac, de quoi chiquer des crampes !
Joseph s’est rapproché, découvrant Natacha,
Voit ses yeux embués de malheurs à cadavres,
Et lui offre un cornet de douceurs qu’il cacha,
Puis ses cartes à jouer dans la paix de son havre.
Pierre Barjonet
Mars 2023
Saga poétique romancée « Le carnet gelé » créée par Pierre BARJONET
a/c janvier 2023
Saison 1 « Marchons », Poème 8 « L'échiquier » (mars 2023)
L’Empereur n’en peut plus de la fuite des Russes refusant le combat hormis des escarmouches ou des assauts isolés contre ses Corps d’armées. Poursuivant l’épopée vers Smolensk et Moscou, il s’installe à Vitbesk située sur la Dvina et y séjournera une dizaine de jours dans un petit château appartenant au gouverneur de la province, le prince de Wurtemberg, duquel il pouvait jouir d’une vue dégagée, après avoir fait abattre des maisons de bois et une petite église, pour y faire défiler et manœuvrer ses troupes. Il faut bien comprendre qu’il cherche LA bataille décisive, celle qui fera reculer le Tsar, mais que ses adversaires recherchent plutôt la confrontation séparée avec les différents Corps de son immense armée afin de l’isoler, tout en lui rendant la vie impossible par cette sorte de fuite en avant jonchée de terres brûlées. Vitebsk était une petite ville de bois avec des trottoirs faits également en bois (un peu comme les rues centrales des bourgades de l’Ouest américain si souvent montrées dans les westerns), et qui brûla.
Napoléon s’appuie sur ses maréchaux à la tête de différents Corps d’Armée, comme Ney, Murat, Oudinot, Davout ou son fils adoptif le prince Eugène, et gagne malgré tout certaines batailles comme celle d’Ostrovno (25 & 26 juillet 1812). Mais il s’emporte contre leurs hésitations à poursuivre davantage l’ennemi, leur faiblesse de discernement, leur frilosité, voire l’impéritie (incapacité sévère) de son propre frère, le roi Jérôme qui laissa s’échapper le Prince général Russe Pierre Bagration commandant la 2ème armée Russe, malgré le succès des assauts de Davout à la bataille de Moguilev (23 juillet 1812). Bagration put ainsi rejoindre le gros des troupes Russes du général Michel Barclay de Tolly commandant la 1ère armée de l’Ouest à Smolensk.
NOTES DE LECTURE ET DE SITUATION HISTORIQUE
1 Roquer est un terme du jeu d’échecs qui consiste à « jouer le roque », c’est-à-dire à mettre son roi à l’abri par le déplacement simultané joué en un seul coup du roi et d’une des tours.
2 Ce n’est pas pour défendre de façon chauviniste la vertu des troupes françaises, mais il faut bien reconnaître qu’elles étaient nettement plus respectueuses des populations civiles que les troupes alliées, en l’occurrence largement plus nombreuses lors de cette Campagne. Cela dit, elles étaient soumises à une discipline de fer.
3 Même en campagne, le bivouac de l’Empereur se nommait « le Palais ». Généralement, il s’organisait autour d’un espace propre aux châteaux ou demeures de notables l’hébergeant, mais il pouvait tout autant se composer d’un ensemble de tentes.
4 (Rappel) Joseph fait partie du Grand État-Major comme « Capitaine, Peintre aux armées ».
5 Il s’agit de la petite ville de Vitbesk dont je parle ci-avant.
6 Une anecdote rapportée par l’un des témoins de l’Empereur (le Malelouk Ali) raconte qu’à deux grenadiers de sa Garde qui se plaignaient de leurs biscuits et qui pour le prouver, en lancèrent contre un mur où ils s’y collèrent, Napoléon les invita à sa table. Il leur fit servir une soupe faite de bouillie d’orge et d’avoine mondée, rôtie et détrempée dans du bouillon, qu’il venait de commander à son cuisinier. Les interrogeant sur son goût, ceux-ci lui répondirent : « Cette soupe est très bonne, Sire. Nous ne serions pas fâchés d’en avoir tous les jours comme celle-là ». Alors, les grondant paternellement, il leur expliqua avec moult détails, comment s’y prendre pour en préparer le grain. Puis il leur fit servir un grand verre de vin avant de leur ordonner d’aller rejoindre leur poste !
QUELQUES ILLUSTRATIONS
N.B. Photos tirées en partie du site " Russia Beyond " qui retrace entre autres, et à mon avis de façon fort objective, l'histoire de la Russie.
Voir le site en suivant ce lien : Russia Beyond français
Bataille d'Ostrovno
Le plus jeune frère de Napoléon, le roi Jérôme Napoléon (1784/1860),
prince français et roi de Westphalie de 1807 à 1813
portrait peint par Antoine-Jean GROS
Photographie prise vers 1852 !
Sa sépulture aux Invalides, non loin de son glorieux frère...
Louis-Etienne Saint-Denis dit Le mamelouk Ali (1788/1856)
Il prit le surnom de celui qu'il remplaça et devint en 1811 second valet de chambre de Napoléon qu'il ne quitta plus en le suivant, fidèle parmi les fidèles, jusqu'à Sainte-Hélène.
Le voici au chevet de l'Empereur (au centre droit contre le voilage du lit)
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