Silence
" Natacha " Illustration originale Pierre Barjonet - Mai 2023 - 40/30 - Sanguine
N.B. Cliquer sur la photo pour l'agrandir
(comme d'ailleurs, sur toutes les illustrations)
" Le temps du muguet " Orchestre Tzigane russe
Conseils pour mieux suivre le déroulement de votre saga :
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avec un "résumé" de l'épisode en cours :
ainsi que la rubrique chronologique :
Silence
Lugubre est la forêt, pestent les charognards !
Mais Rose n’en a cure accélérant l’allure
De ses vaillants mulets offerts par les grognards ;
Et s’enfonce au mépris d’arracher sa voilure.
Elle a perdu la troupe en évitant les ours,
Les loups et les brigands, et puis les coups de lance
Des cosaques pressés de remporter leur course
Contre les égarés, traînards sans vigilance.
La petite se tait, ne parle et ne répond1,
Ne paraissant sentir les chocs sous la voiture,
La moiteur du chemin déroulant son crépon,
Le brouillard du matin leur servant de toiture.
Sa vie s’est envolée dans les cris de sa sœur
Violée puis égorgée sous les pleurs de sa mère.
Ses yeux se sont voilés face à leurs oppresseurs,
Et sa voix s’est murée du ciment des chimères.
Rose se sait confiante en sa foi du destin
Qui calmera les plaies, bordera la caresse
De son amour habile à consoler d’instinct
Les victimes perdues de frayeur et détresse.
Se posant près de l’eau d’un étang camouflé,
Rose a lavé la mort et la mémoire encore,
A baptisé l’enfant dans les joncs qui soufflaient
Ce nom de Natacha2 plongeant dans son décor.
Mais quand le ciel s’entrouvre à l’orée des sanglots
Laissant poindre le vol près des sombres fumées,
Des buses affolées par le feu des bouleaux
Échouent dans les prairies d’incendies parfumées.
Le sol n’est plus qu’écorce et fusains de charbon.
L’air est pestilentiel et ravive les larmes.
Les fossés que charrie de la pluie, le rebond,
Rongent les animaux piégés dans ce vacarme.
Enfin s’ouvre la voie des hussards éclaireurs,
Reconnaissant la Rose en vantant le miracle
De goûter à sa prune au nom de l’Empereur,
Puis d’escorter leur belle en trompant les obstacles.
Pierre Barjonet
Mars 2023
Saga poétique romancée « Le carnet gelé » créée par Pierre BARJONET
a/c janvier 2023
Saison 1 « Marchons », Poème 7 « Silence » (mars 2023)
En cette fin juillet 1812, sous une alternance de chaleur suffocante, de sécheresse torride et de violents orages qui détrempent et ravinent les chemins sous des pluies diluviennes, la Grande-Armée s’enfonce toujours plus à l’Est et s’approche de Vitebsk. Étouffant, malgré l’envie d’en démordre une bonne fois pour toutes avec les Russes, Napoléon doit se résigner à subir le jeu de l’ennemi qui l’évite autant que faire se peut. Certes, il y a bien des combats, mais sporadiques et sans grande prétention. Du reste, l’immensité du pays et l’absence de cartes précises donnent à l’Empereur l’impression de tourner en rond... Inutile de dire que son humeur s’en ressent ! Il suppose qu’il pourra probablement livrer bataille à Smolensk ?
En revanche, le harcèlement des fiers cosaques s’en prenant surtout aux « traînards » largués par le rythme des marches forcées, épuise le moral des troupes, sans parler du fait que le sort réservé aux voltigeurs d’avant-garde isolés ou aux éclaireurs dépêchés en reconnaissance par l’état-major n’était guère réjouissant !
La politique de la terre brûlée achève les soldats comme leurs montures criant famine et succombant en masse, victimes de maladies comme le typhus ou la dysenterie ainsi que d’empoisonnement des puits. Les approvisionnements étant décalés, les cavaliers démontés faute de fourrage, certaines unités inexpérimentées et formées hâtivement sont trop souvent réduites à ravager des villages et torturer les malheureux serfs pour obtenir de gré ou de force le lieu où ils ont caché leurs vivres et récoltes. D’autres soldats, davantage déserteurs et gredins qu’honorant l’uniforme, font un véritable commerce de leurs pillages en s’appuyant sur une partie de la population locale traître à sa patrie et vivant de rapines, voyant là, l’occasion de « s’associer » pour piller de concert certaines propriétés et demeures de riches aristocrates ayant fui devant la Grande-Armée...
En revanche, « les juifs de Pologne » ont été une aide précieuse pour Napoléon, commerçant avec la Grande-Armée pour lui fournir vivres et boissons, mais aussi cartes, plans de villes et renseignements militaires sur les troupes russes. Parmi ses « équipages », l’Empereur transportait son « trésor » lui permettant de largement dédommager les aides ponctuelles des populations autochtones ainsi que le commerce de l’espionnage local. C’est ainsi qu’on parla de « juifs de guerre » maintes fois cités par les historiens.
NOTES DE LECTURE ET DE SITUATION HISTORIQUE
1 Voir le poème précédent « L’océan » où Rose se charge d’une enfant (d’une douzaine d’années) dont la famille a été massacrée par des traînards déserteurs.
2 Traumatisée, la jeune fille ne parle plus. Rose se met en devoir de lui donner un nom local qui semble lui convenir, vu son regard...
QUELQUES ILLUSTRATIONS
N.B. Photos tirées du site " Russia Beyond " qui retrace entre autres, et à mon avis de façon fort objective, l'histoire de la Russie.
Voir le site en suivant ce lien : Russia Beyond français
Les cosaques à l'époque, montés sur leurs petits chevaux alertes
avec leur longue lance
Le fameux général russe des cosaques du Tsar,
Matveï Ivanovitch PLATOV (1753 – 1818) – comte, homme d’Etat russe, général de cavalerie et compagnon d’armes d’Alexandre Souvorov.
Ataman des troupes des cosaques du Don.
Combat de cosaques contre les troupes françaises
Halte des cosaques dans une taverne prussienne
Le blason de l'Ataman des troupes des cosaques du Don.
Et plus près de notre époque, le dernier Tsar, Nicolas II entouré de sa famille et Des cosaques du Kouban en 1916, dont il a revêtu l'uniforme avec son fils.
Rappelons qu'ils furent tous exécutés par les Bolchéviques dans la villa Ipatiev à Ékatérinbourg dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918
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