Lexique Saison 2 Episode 5 L'ASCENSION
2/ Ses restaurants (L'ascension)
Ses restaurants/bars se comptaient au nombre de quatre (1889) implantés au 1er étage.
Ils étaient alimentés par des cuisines situées avec leurs "caves" à environ 55 m au dessus du sol. Le tout, fonctionnant à l'électricité et la vapeur d'eau plus du gaz utilisé uniquement pour l'éclairage.
On disposait donc d'un restaurant russe (voir mon poème), d'un restaurant français tenu par M. Brébant avec salons particuliers, d'un bar anglo-américain et d'un bar flamand. De quoi régaler les visiteurs de l'exposition universelle de Paris 1889 !
3/ Rivets (L'ascension)
Il fallait 4 hommes pour poser des rivets chauffés à blanc grâce à une forge mobile (rivets : pièces de métal forgé reliant entre-elles deux pièces ou plaques également en métal, comme c'est le cas par exemple sur les navires) : un pour les chauffer, un pour les tenir en place, un pour former leur tête, et un dernier pour achever l'écrasement à coups de masse. À noter que tous les trous devant accueillir ensuite les rivets étaient pré-percés auparavant, ce qui a réduit les bruits de perçage et d'usinage sur place.
Les assemblages sont d'abord réalisés sur place par des boulons provisoires, remplacés au fur et à mesure par des rivets posés à chaud.
En se refroidissant, ils se contractent, ce qui assure le serrage des pièces les unes avec les autres. La tour comptait pas moins de 2 500 000 rivets !
4/ Ses critiques ! ("débat" dans l'ascension)
La Tour Eiffel a fait l'objet de campagnes de dénigrement, d'affrontements voire de calomnies d'une violence inouïe, avant même sa construction.
Le Monde des Arts & Lettres n'a pas manqué à l'appel de ses détracteurs puisqu'on y compte de grands noms : Charles Gounod, Guy de Maupassant, Alexandre Dumas fils, François Coppée, Leconte de Lisle, Sully Prudhomme, William Bouguereau, Ernest Meissonier, Victorien Sardou, Charles Garnier et bien d'autres...
Certains n'ont pas manqué d'adjectifs :
"ce lampadaire véritablement tragique" (Léon Bloy), "ce squelette de beffroi" (Paul Verlaine), "ce mât de fer aux durs agrès, inachevé, confus, difforme" (François Coppée), "cette haute et maigre pyramide d'échelles de fer, squelette disgracieux et géant, dont la base semble faite pour porter un formidable monument de Cyclopes, et qui avorte en un ridicule et mince profil de cheminée d'usine" (Maupassant), "un tuyau d'usine en construction, une carcasse qui attend d'être remplie par des pierres de taille ou des briques, ce grillage infundibuliforme, ce suppositoire criblé de trous" (Joris-Karl Huysmans), etc.
D'ailleurs, une "pétition" (déjà...) nommée en 1887 " Protestation contre la Tour de M. Eiffel" écrivait entre autre :
" Nous venons, écrivains, peintres, sculpteurs, architectes, amateurs passionnés de la beauté jusqu'ici intacte de Paris, protester de toutes nos forces, de toute notre indignation, au nom du goût français méconnu, au nom de l'art et de l'histoire français menacés, contre l'érection, en plein cœur de notre capitale, de l'inutile et monstrueuse tour Eiffel, que la malignité publique, souvent empreinte de bon sens et d'esprit de justice, a déjà baptisée du nom de tour de Babel. (...) La ville de Paris va-t-elle donc s'associer plus longtemps aux baroques, aux mercantiles imaginations d'un constructeur de machines, pour s'enlaidir irréparablement et se déshonorer ? (...). Il suffit d'ailleurs, pour se rendre compte de ce que nous avançons, de se figurer un instant une tour vertigineusement ridicule, dominant Paris, ainsi qu'une noire et gigantesque cheminée d'usine, écrasant de sa masse barbare (...) tous nos monuments humiliés, toutes nos architectures rapetissées, qui disparaîtront dans ce rêve stupéfiant. Et, pendant vingt ans, nous verrons s'allonger sur la ville entière, frémissante encore du génie de tant de siècles, nous verrons s'allonger comme une tache d'encre l'ombre odieuse de l'odieuse colonne de tôle boulonnée".
" Protestation " à laquelle Gustave Eiffel ne manqua pas de répondre :
"Je crois, pour ma part, que la Tour aura sa beauté propre. Parce que nous sommes des ingénieurs, croit-on donc que la beauté ne nous préoccupe pas dans nos constructions et qu'en même temps que nous faisons solide et durable, nous ne nous efforçons pas de faire élégant ? Est-ce que les véritables conditions de la force ne sont pas toujours conformes aux conditions secrètes de l'harmonie ? (...) Or de quelle condition ai-je eu, avant tout, à tenir compte dans la Tour ? De la résistance au vent. Eh bien ! Je prétends que les courbes des quatre arêtes du monument, tel que le calcul les a fournies donneront une grande impression de force et de beauté ; car elles traduiront aux yeux la hardiesse de la conception dans son ensemble, de même que les nombreux vides ménagés dans les éléments mêmes de la construction accuseront fortement le constant souci de ne pas livrer inutilement aux violences des ouragans des surfaces dangereuses pour la stabilité de l'édifice. Il y a, du reste, dans le colossal une attraction, un charme propre, auxquelles les théories d'art ordinaires ne sont guère applicables".
À titre personnel, il me semble que la prudence s'impose quant à condamner trop vite ces propos.
Ne sommes-nous pas nous-mêmes souvent confrontés à des situations analogues quand le progrès ou l'Art moderne frappe à notre porte ?
Je me souviens avoir été très réticent lorsqu'en passant un matin de 1975 devant le plateau Beaubourg je découvris d'horribles tuyaux fendant l'air dans des obliques colorées affreuses. C'était du moins mon avis en passant devant ce qui devait devenir le Centre Pompidou...
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