Marbre
andante de la sonate n°29 (extrait) " Hammerklavier " de L.V. Beethoven
Maman au piano dans les années 1990... (enregistrement sur son piano)
N.B. Après une 2ème interruption estivale, nous retrouvons " La passion d'Antonin " qui reprend sa saga suite au retour d'Antonin de Crimée à Bayel durant l'hiver 1856...
Bonne rentrée avec Antonin et bonne reprise de son épopée à suivre toutes les deux semaines environ !
Pour mémoire, les poèmes précédents étaient :
Pierre
Exceptionnellement,
il n'y a pas d'article correspondant à ce poème dans
le Lexique, car inutile
Sinon, n'oubliez-pas de visiter :
la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé"
Sommaire de La passion d'Antonin
et la rubrique CHRONOLOGIE
Marbre
Pesant fort sur le marbre aux veines en fusion,
Antonin se retrouve en veine d’étincelles,
Enroulant son ballon1 piqué de perfusions
Que sa canne2 a cueilli, fort la sueur qui ruisselle.
Depuis qu’il est rentré, ses pas fuient le matin,
Le portant avant l’aube à la manufacture3,
Prévenant les rayons d’une aurore catin
Se grimant de Crimée, ravivant la fracture.
Il loge chez Bertrand, le maréchal-ferrant
Évitant « Austerlitz4 » et son regard de marbre,
Puis chaque jour s’en vient besogner, s’affairant
À la cristallerie, centrer l’art sur son arbre5.
Au village on le sait, s’il se tait si souvent,
C’est qu’il souffre l’enfer de sa guerre et du père,
Alors on se résigne à le laisser couvant
Son bestiaire en cristal qu’il souffle et taille en paire.
C’est à nouveau l’hiver et bien qu’un chat feula,
Le silence escortant Antonin ne se grêle
Qu’au marbre de Bayel que Bertrand émeula,
Quand il se sent gagné d’une frénésie frêle.
Il a conçu deux vases de près de trois pieds6,
D’un cristal aussi pur que son cœur ne moissonne
Des paraisons7 de feu que l’encre du papier
Coucha dans le secret du verre qu’il façonne.
Leur sommet suggérant une rose des vents
Donne à l’anglais le lion, comme à la France un aigle,
À la Russie son ours menaçant le levant,
Mais à la paix l’amour d’une colombe espiègle.
L’un sera pour la Reine, aucun pour l’Empereur,
L’autre aura pour destin de remercier Florence8
En la couvrant de fleurs s’ouvrant loin des terreurs
Distillant le parfum de leur même endurance.
Comme le forgeron martèle ses remords,
Les songes d’Antonin le mènent au supplice
Sous des flocons furieux lui rappelant les Maures
Blanchissant dans la steppe en guise de pelisse9.
1 On roule le « ballon » de verre en fusion qui vient d’être soufflé sur une table de marbre juste à côté du four, afin de pouvoir le travailler sans qu’il ne s’affaisse, tandis qu’il refroidit déjà
2 La canne est constituée d’un long tube de métal creux à travers lequel le souffleur « cueille » par un embout évasé la pâte de verre (paraison) en soufflant à l’autre bout pour lui donner sa forme.
3 La manufacture de Bayel dans l’Aube ou Cristallerie Royale de Champagne
4 « Austerlitz » est le surnom de Jean, le père d’Antonin dans ma romance
5 Trois pieds correspondent en cette très ancienne mesure (ou mesure anglaise) à 0,9144 mètre.
6 On centre sur un banc de verrier ainsi que sur le marbre la paraison de verre en fusion, tout comme on centre sur l’arbre du tour, la pièce de cristal pour la graver.
7 La paraison (voir §2) est la boule de verre fondu cueillie au sortir du four.
8 Florence Nightingale, l’infirmière britannique partie en Crimée avec qui, dans ma saga romancée Antonin géra l’hôpital de Scutari, mais à ne pas confondre avec Florence, la meilleure amie d’Irena, toujours dans ma saga (voir mes poèmes « Naufrages », « Victoria », « Rencontres »).
9 Antonin ne quitte plus son manteau d’Hermine offert par Le Grand-Duc Nicolaï (voir mon poème « Le manteau »).
Pierre Barjonet
Mai 2021
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