Le manteau
Folklore traditionnel Russe : " Un troupeau passait "
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Lexique Antonin, Saison 3 , Episode 8, Le manteau
ainsi que la rubrique SOMMAIRE avec un "résumé"
Sommaire de La passion d'Antonin
et la rubrique CHRONOLOGIE
Le manteau
Le Grand-Duc Nicolaï1 que l’on disait perdu
À Scutari2 l’hiver, reclus dans sa détresse,
Réchappant d’un combat, sans replis, éperdu,
Fut pris vif, égorgé, mais sauvé par ses tresses.
Ne pouvant plus parler, ne vivant que des yeux,
Sa vaillance troqua sa rage inopportune
Pour l’épreuve du cœur que lui demandait Dieu ;
Acceptant désormais son brancard d’infortune.
Et le printemps passa, puis l’été d’Antonin
Qui le soigna si bien, malgré l’ombre du bagne
Où ces Russes maudits s’enivraient de venin,
Et perclus de vengeance offraient du knout3 en poigne...
Ce Boyard4 repenti sut se faire estimer
Des soldats étrangers, des Turcs et puis des nonnes,
Tant grande était l’épreuve au calvaire imprimé,
S’en remettant aux mains qui soulagent l’automne.
Aux adieux d’Antonin regagnant l’occident,
Il lui remit son bien, d’un blanc manteau d’hermine
Qui, depuis son martyre était son confident,
Lui réchauffant la foi d’un monde sans vermine.
Observant l’horizon que façonne la mer,
Antonin se confie contre Jean, l’âme en peine,
Léguant à sa Crimée cette Odyssée d’Homère
En songeant au retour qui s’annonce sans haine.
Il serre son manteau dont frissonnent les poils
Électrisant le vent de brûlantes épices
S’en venant murmurer au gonflement des voiles
L’abandon du fracas des combats de l’hospice.
La France enfin leur tend son étole de soie
Aux vibrantes couleurs faisant valser les mouettes
Sur des airs de vivats « avé l’accent niçois »
Gazouillant des discours et des chants d’alouettes.
Le retour au pays déchire leur bonheur,
Séparant les amis, camarades sans armes.
Craignant leur destinée dégoulinant d’honneurs,
Ils tremblent d’embrasser leurs familles en larmes...
1 Personnage russe inventé pour mon récit.
2 Hôpital de Scutari à Constantinople.
3 Le Knout ou le fouet russe étaient un terrible supplice arrachant des lambeaux de chair de la taille à la nuque du dos de malheureux condamnés à une mort certaine après « seulement » dix à quinze coups.
4 Un Boyard était un aristocrate russe.
Pierre Barjonet
Avril 2021
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