Glisse
" Les patineurs " Valse opus 183 de Émile Waldteufel
Glisse
Le gel, de son haleine a vitrifié les bois,
Recueillant de Boulogne ou Vincennes la glisse.
De joyeux patineurs ont remplacé les oies,
Et les plumes des belles coiffent leurs pelisses.
La mode est au patin délaissant les canots.
Filant, tourbillonnant, chacun chausse bottines,
La glace s’y mirant autant sur les canaux,
Les étangs ou les lacs que l’amour n’y patine.
Mais en ce siècle ouvert à l’aune du progrès,
Les cristaux naturels n’étant que provisoires,
S’ouvrent de fiers palais parquetés sans regret
Laissant y dérouler une empreinte illusoire.
Ils ont si fière allure en patins de métal
Ces messieurs accrochés au bras des élégantes
Dépassant aériens, d’un vigoureux mental,
Les débutants arqués aux traces zigzagantes.
Préférant aux roulettes, leurs lames d’acier
José, Maureen et Jean s’amusent de Laurine
Pâle comme un flocon du pays des glaciers
Les regardant vriller comme des figurines.
Le Palais de la Glace en coiffe de melon
Tourne près du Rond-Point des Champs pris de gelées
Offrant aux patineurs sans l’ombre d’un grêlon
Une piste courbée, sublime et nivelée
Oh, ce sont les violons dont l’archet vient glisser
Qui donnent le signal de l’allure en cadence !
Et les robes au vent font valser leur plissé
Virevoltant d’emblée dans la vague qui danse.
Tout à coup l’on s’écarte, encourageant Axel.
L’illustre patineur engage une pirouette
Puis se lance et déroule en maître que n’excelle
Le saut qu’il inventa, glorifiant sa silhouette.
La piste reprenant ses droits sous les vivats,
Le chocolat bouillant enlève nos joliesses
Et redonne à Laurine un rire de diva
Partageant les refrains du grand orchestre en liesse.
Pierre Barjonet
Mars 2019
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