Festin
Brahms : Hungarian dance in G minor
Festin
C’est au « Café Anglais » dans un luxueux salon
Que Paul a retenu douze couverts de rêve.
Troquant deux, trois tableaux contre l’or des poêlons
Il convie les amis d’Auguste qui s’élève.
Il n’a pas lésiné, le marchand si brillant,
Émerveillant José, Maureen et son Auguste,
Deux parents Londoniens, sa femme et ses brillants,
Laurine et Maître Jean, trois peintres qui s’incrustent.
Leur mise incomparable en la soirée de veille
Polit l’argenterie, le cristal de Bohème,
Le Limoges doré, les louches de vermeil,
Dignes du Nouvel An, des êtres que l’on aime.
La soupe de tortue pour baigner le palais
Vient s’échouer lentement aux coraux des agapes.
Les blinis Demidoff des tsars en leurs palais
Sabrent le noir caviar par la vodka qui frappe.
Et la truffe s’invite au fondant du foie gras
Ceinturant l’horizon de caille en sarcophage
Ayant bu son cognac. Ô volatile ingrat !
S’en viennent les endives noyées d’élevage.
Les semailles annoncent les pays de lait :
Maroilles et Munster supplient le Saint-Nectaire
D’épargner les gourmets en ce « Café Anglais ».
La Lorraine de Jeanne en Tomme est fort sectaire !
Livrant les fruits confits de la chasse au trésor,
La corsaire « Babette » encense les Antilles,
Et son Baba au rhum enfume les Windsor
Embrochés d’ananas pointant des écoutilles.
Au rythme des tortues, c’est l’Amontillado
Qui donne aux broches d’ambre un pic aromatique.
Et la Veuve Clicquot (1860) déborde de cadeaux
Pour l’impérial caviar, en bulles chromatiques.
Le cru de Clos Vougeot (1845) sublime les momies
Réchauffant le dépôt que libèrent les cailles.
Cigares et liqueurs qu’escortent des commis
Soudent le Nouvel An (1890) de vœux que rien n’écaille.
Pierre Barjonet
Février 2019
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