La palette de Pierre

La palette de Pierre

Calendaire

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Calendaire

 

 

Tentations qui longent ma treille Vendémiaire,

 Souvenirs qui me rongent en approchant Brumaire,

Mon vieux calendrier m’assaille d’émotions.

Je me souviens du temps me plongeant en Frimaire,

Devant la cheminée, le buste de Voltaire,

Quand jeune écervelé, j’en perdais la notion.

 

Je buvais mes passions de rêves légendaires,

Me roulant dans ses yeux, tressaillant en Frimaire,

Étourdi sous le froid d’un impossible amour.

J’enviais jolie Marianne n’en soufflant que j’ose

Du châle l’alléger, la livrer à Nivôse,

Et du givre expiré, fondre de désamour.

 

Quand les boues du tourment ont fait glisser Pluviôse,

Affolant mon émoi du souffle de Ventôse,

Je me suis couché, las, abandonné, vaincu.

Et mes mains ont creusé l’antre de Germinal,

Arrachant au destin l’aube de Floréal,

Fleurissant mon aimée de promesses d’écus.

 

Coroles de bleuets, jonquilles de Prairial,

Pavots de nos prairies par touches impériales,

Fièvres de la Saint-Jean, brûlent de renouveau.

Que dansent les épis ! Que fauche Messidor !

Que vienne le désir chauffé par Thermidor

Et tienne le plaisir chanté par monts et vaux.

 

Reste au vieil almanach bloqué sur Fructidor,

D’oublier la moisson des songes que j’adore,

D’étreindre la corbeille aux fruits de la passion.

S’effritent les vertus d’ancienne République,

S’irrite des pêchés son buste vu d’oblique,

Marianne calendaire, aimée sans compassion.

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Mai 2015

 

 



21/05/2015
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