Murmures
Murmures
Le vent depuis longtemps a poli cette chaise
Qu’on dirait adoptée sans que jamais se taise
Vieil arpenteur du temps qui recule son sort.
Bel homme Cévenol à midi, qui devise
Entend la pluie fouetter, mais qui ne se ravise
De l’averse, il se moque en provoquant la mort.
L’étang luit sous les cils de la belle insolente
Dans le soleil, elle aime à toiser l’indolente
Au banc qui ne dérive, elle en surprend le cours.
Pointe Courte aux parfums de filles assoupies
Dans les mailles de pêche en tressent des toupies
De ces mots doux et durs en délicieux concours.
Jolis graviers glissant d’étreintes de poupées
Dans ce jardin crissant sous des fleurs chaloupées,
Défilent des landaus et joyeux polissons.
Résonne entre goûters l’éternelle comptine,
Écho pour chaque nurse aux accents de routine
Livrant sa litanie, mangeant des calissons.
Sur le mail envoûté de passion vagabonde
Se presse la rumeur qui s’enfle furibonde
Plongeant sous les figuiers, la voici qui jaillit.
Enflammant les étals, tonitruante foire,
Excite le concert de paroles sans gloire,
Coupable allégation quand la raison faillit.
Par la frêle torpeur de l’icône abhorrée
En la tiède saveur d’une pause dorée,
S’installe l’illusion d’un prodigieux destin.
Et chacun de piéger le miroir de Morphée
Se glisse sans amour dans les refrains d’Orphée,
Au tréfonds de l’infâme en goûte le festin.
Prétendant paressant à ce jeu sans armure,
Sitôt livré, perdu, quand la foule murmure,
Désespérément seul déserte le tournoi.
Médisant paraissant, dénigrant par nature,
Odieuse inclinaison pour ce qui dénature,
S’enfle dans la mêlée quand l’infamie tournoie.
Pierre Barjonet
Novembre 2014
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