Piano
5ème sonate de Beethoven
Maman sur son Erard, quart de queue
vers la fin de sa vie
Piano
Les quatre temps du vieux piano
N'avaient prédit sa destinée
Quand enfant jouant au meccano
Je m’abritais fort obstiné,
Dessous la table d’harmonie,
M’échappant sans cérémonie.
Ainsi couché sous mon Érard
Suivant la lyre et les pédales,
J’imaginais non sans cafard
Me perdre enfin dans le dédale
Des marteaux punissant les cordes
Plutôt que moi, je vous l’accorde.
L’instrument de bel acajou,
Par son clavier d’un pâle ivoire,
Aurait aimé que Pierre en joue,
Non plus par cœur ni par devoirs,
Et qu’il s’inspire du solfège
Égrenant de somptueux arpèges…
Maman le reçut pour son Bac,
Lui promettant la panoplie
De Beethoven, Mozart ou Bach,
Et d’aimer son timbre accompli
Durant sa vie pour la musique.
Mais s’ensuivirent d’autres physiques.
Je me souviens de ce Noël
Quand le sapin sur le couvercle
S’est enflammé brûlant tel quel.
Et la fumée qui nous encercle
En charbonnant douces peluches
A fait pleurer la jolie bûche.
Une autre fois, maman conta
Que sous les pieds servant de presse,
De faux papiers il décompta.
Durant la guerre qui l’oppresse,
En résistance magnifique
Jouera cet hymne mirifique.
Enfin, par delà les tourments
Mon quart de queue cherchant virtuose,
S’offre aux buffets d’amis gourmands.
Mais en secret il est morose
Puisant la musique de chambre
Sur son pupitre au regard d’ambre.
Pierre Barjonet
Juin 2015
Quelques photos prises du piano acquis en janvier 1933...
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