Piano cuivré
Piano cuivré
Il est de par le monde un piano tout spécial,
De fonte en est le coeur, de laiton sa livrée.
À nulle âme pareille, n’expose l’onciale,
Calligraphie forgée sous entrelacs cuivrés.
Il est de par les ondes un refrain de métal,
De fer en sont les notes et d’émail la portée.
À nulle autre, semblable engeance végétale,
Douce chaleur s’accorde en flamme vitrifiée.
Batteries, casseroles et bain-marie d’étain,
Chantent aux feux du foyer, le refrain qui s’éteint !
Ce piano « la » respire en soufflant le fumet
Prisonnier de vantaux et de portes brunies.
Quand survient la passion de cuisson, s’y soumet,
Mais les braises rebelles l’auront rembruni.
Ce piano « si » transpire en forgeant le destin
De la gamme marbrée d’antiques caquelons.
Aspirant du soufflet, réchauffant le festin,
Brûle par ses plaques de saisissants poêlons.
Batteries, casseroles et bain-marie d’étain,
Chantent aux feux du foyer, le refrain qui s’éteint !
Peu de pianistes jouent de l’instrument massif,
Ne sachant s’accorder aux clés calaminées.
Pourtant ses arguments rejettent le passif
Des tables d’harmonie par le jeu, laminées.
Peu de mots sonnent juste, étouffoir et cuillère,
Semblent donner raison au feu de régalade.
Non plus que mandoline ou guitare en tuyère
Des deux pianos lequel, affute sa ballade ?
Batteries, casseroles et bain-marie d’étain,
Chantent aux feux du foyer, le refrain qui s’éteint !
Que ronflent les saveurs en écume bouillante,
Et grillent les senteurs, arpèges du succès !
La mélodie du goût se décante vaillante,
Le concerto ciselé fredonne sans excès.
Que la fougue des Chefs, tisonnier à portée,
Donne au palissandre l’écho de ses reliefs,
Et qu’en juste retour, chevalet apporté,
Confère au Maître Queux un piano sans griefs !
Batteries, casseroles et bain-marie d’étain,
Dansent aux feux du foyer, le refrain ne s’éteint !
Pierre Barjonet
Septembre 2014
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