Compagnons
Accordéon Yvette Horner et André Verchuren "Perles de cristal"
La romance de Laurine
Saison 2 "José"
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" Compagnons "
Compagnons
« L’usage du matin me voit tout aussi bien
aller porter galette aux maçons qui débutent »…
Chante, chante Laurine quand tu t’en reviens
Du Chantier National installé sur la Butte.
C’est qu’ils ont soif et faim ces hommes vigoureux,
Taillant et polissant de monstrueuses pierres.
Elle aime à les voir rire en ce rituel heureux
Quand ils marquent leur lettre en clignant des paupières.
Maître Jean le sait bien, soigner les compagnons
Ne peut qu’améliorer la soupe d’ordinaire.
En leur faisant porter du pain farci d’oignons
Il veut participer à l’effort qu’il vénère.
C’est qu’elle a belle allure en taquinant le ciel,
La blanche basilique ornée d’un campanile.
Oubliés le Maquis, la Commune partielle,
Les maîtres du devoir n’ont rien de juvénile.
Là haut sont les clameurs, vacarme et bruits de chaînes,
Mais quand s’en vient Laurine à l’heure de la pause
De loin leurs yeux rallongent son maintien de Reine.
Jolie porte-bonheur, jamais ne te repose !
Disposant son panier sur un marbre rosé,
Elle en tire le vin, du lard et des baguettes,
Du fromage de Brie, des oignons pour José.
La porteuse de pain est de celles qu’on guette.
Son réconfort est tel que les fiers tâcherons
Content leur tour de France en tant que confidences
À Laurine qui songe au val des bûcherons.
Atténuant leur exil, elle est leur providence.
Puis elle redescend laissant au Mont-Cenis
La poussière qui cuit les chevaux à la peine.
Elle hume le lilas du jardin d’Eugénie
Et s’arrête un instant à l’ombre du vieux chêne.
Le travail a repris offrant au Sacré-Cœur
Sa meringue d’argent sucrée comme l’albâtre.
Se penchant sous l’autel, José polit le chœur
En ne regrettant pas d’avoir quitté les pâtres.
Pierre Barjonet
Janvier 2019
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