Bâtard
" Bistro-Fada " Film " Minuit à Paris "
Bâtard
Attends, il n’est point temps ! Jean n’a pas oublié
Dans sa cave enfumée par le frêne et le charme
Qu’il imprime à son four la loi du sablier,
Accompagnant José peinant dans ce vacarme.
Jean l’avait invité pour façonner du pain
Doré de tradition sans vertes fumerolles,
Nourri du bois d’antan, blâmé des galopins
Rivés à leur charbon coloré de pétrole.
Maintenant, il est temps ! Enfouissant les pâtons
Qui se gonflent d’orgueil dans l’ardente fournaise,
José reste attentif au retour de bâton.
Rien ne doit détourner la veille de ces braises !
C’est qu’il s’est dépassé ce « carrier de bâtard »,
Relevant le défi d’ouvriers sans vergogne
Qui, moquant sa naissance en pays de Cathares,
Riaient de l’Assistance et des fichues cigognes !
José s’était juré de réussir « son pain » !
Le pain dur à gagner, par delà les montagnes,
La couche des vallées, les Causses sans sapins,
Les bourgs du pays d’Oc, de France loin d’Espagne.
C’est ainsi qu’il grandit ce compagnon vaillant,
Suivant par les chemins l’arche des cathédrales,
Taillant la pierre noble et toujours travaillant,
Puisant sa vérité dans l’honneur du Saint Graal.
Échauffées, attisées par l’offrande du four
Exhalant des effluves fort enveloppantes,
Déboulent les « deux sœurs » enflammées que s’y fourrent
Des fougasses dorées si tendres et pimpantes.
À José victorieux dominant son pétrin,
Laurine lui sourit esquissant une œillade.
Vibrant de ce bonheur, Jean s’approche et l’étreint,
Maureen sert du café puis dans la mie, taillade.
À la pointe du jour, José prend deux paniers,
Trimbale sa fournée d’escaliers en venelles,
Les offre aux tâcherons qui ne pourront plus nier
Son aisance à la tâche en talent fraternel.
Pierre Barjonet
Février 2019
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