La palette de Pierre

La palette de Pierre

Noces

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Comme c'est presque le printemps, j'ai songé aux noces villageoises d'antan...

 

 

 

 

 

 

 

Noces

 

 

 

Claironnant matin, Maître coq,

Lorgnait les épis de la veille

Tressés de fleurs en la bicoque,

La décorant de ces merveilles,

Afin d’offrir aux amoureux

Ce ciel de miel tant savoureux.

 

L’aube s’allongeait de patine

Marquant les prés de longs frissons

Prolongeant l’écho des matines

Sans effrayer les hérissons.

  La journée se teindrait de liesse

En un décor fait de joliesse !

 

Rasés de près, lavés au broc

Les vieux avaient blanche chemise.

Cheveux peignés, chapeaux de troc,

Preste jeunesse était de mise.

Les belles arboraient rubans,

Et des dentelles sous les bancs.

 

Du rose aux joues, des tresses brunes,

Vêtus de fête les gamins,

Sans tablier, mais souliers prune,

Un sucre d’orge dans la main

Ou sirotant leur limonade

Faisaient les fiers en cotonnade.

 

Les miches rondes de pain blanc

Rivalisaient dans les corbeilles

Avec les brioches comblant

La ronde en fête des abeilles

Émoustillées par les bouquets

Fleurs d’oranger de ce banquet.

 

Tôt l’on avait dressé les nappes,

La porcelaine et les couverts,

Riche vaisselle des agapes,

Gobelets d’argent et leurs sous-verres,

Flambeaux précieux droits comme un pape,

Cristal taillé pour les carafes.

 

La noce allait chanter trois jours

Entre draps blancs et branches vertes,

S’amouracher pour ce séjour

Laissant frémir les gorges ouvertes,

Se paluchant d’accordéon,

De clarinette au beau Léon.

 

Verse le cul de la barrique,

Coule futaille son grenat,

Folle virée charivarique

Sous le raisin qu’on égrena ;

C’est les époux que l’on protège

Entre la treille et le cortège.

 

Montrant jarretière en rougissant

Frêle mariée d’incertitude

Entend les rires surgissant

En prélude à sa lassitude.

La farce de l’infâme pot

Sera le prix de son impôt.

 

L’on causera longtemps encore

De ces pâtés, tripes et lard,

De ce festin, de ces pécores

Suçant leurs doigts d’un œil hilare,

Des cris d’orfraie de l’épousée

Et de la noce jalousée.

 

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Janvier 2016

 

 



06/01/2016
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