La palette de Pierre

La palette de Pierre

Voleurs d'âme

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Il n'est de jours que l'actualité nous donne à méditer devant les turpitudes ordinaires des hommes.

 

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Ainsi, je viens d'apprendre que le Lac de Guerlédan, actuellement vidangé pour entretien, dont j'ai d'ailleurs fait un poème

(lien : ICI),

fait  l'objet d'un véritable pillage en règle !

Des visiteurs sans scrupule parcourent l'assec du lac et  le vandalisent, s'emparant de pierres et de végétaux (en arrachant des branches d'arbres figés par des décennies d'immersion).

Pire, ils vont jusqu'à taguer les ruines des maisons d'ardoisiers et d'éclusiers et à leur voler le peu de murs qu'il leur reste ! Ils démontent les ardoises, mais aussi le bois d'un ancien langoustier coulé par la R.A.F. durant la guerre... 

Ces vandales détruisent ce qui, finalement, au fil du temps de l'immersion de la vallée du Blavet par le lac de barrage, devient un site archéologique.

Tout comme le sont ces myriades de touristes, davantage chasseurs de trésors que visiteurs d'une nature hospitalière, par leur comportement égoïste imbécile, ils se transforment en violeurs de mémoire et deviennent des voleurs d'âme.

 

Ils m'ont inspiré ce poème, comme un cri contre leurs abus !

 

 

 

Voleurs d’âme

 

 

 

Délestant la forêt dorée de ses lutins,

Ils enfouissent leur forfait sous d’épais butins,

Les voleurs d’âme.

Dérobant les graines frivoles des lupins,

Ne vivent que de rapines en tristes rupins,

Les voleurs d’âme.

 

Et la corolle marmonne quand l’anémone

Cueillie se pâme.

 

 

Pataugeant dans la boue figée du lac à sec,

Ils empochent jusqu’au parterre de l’assec,

Les voleurs d’âme.

Arrachant des monceaux d’ardoises qu’on dissèque,

Ne s’émeuvent pas davantage des obsèques,

Les voleurs d’âme.

 

Et la mémoire en grimoires vit des déboires

Dont nous usâmes.

 

 

Piétinant les émaux d’antiques céramiques,

Ils étoffent leurs pillages panoramiques,

Les voleurs d’âme.

Barbotant tuiles et briques préislamiques,

Ne s’amusent que des scènes polygamiques,

Les voleurs d’âme.

 

Et le destin sans matin pleure les Latins

Que nous lésâmes.

 

 

S’emparant de la chevelure des bruyères,

Ils éventrent les décors qui les ennuyèrent,

Les voleurs d’âme.

Entassant de brillants cristaux qu’ils essuyèrent

Ne songent qu’aux souvenirs qui les aiguillèrent,

Les voleurs d’âme.

 

  Et la flore qu’on déflore ne se colore

Quand nous creusâmes.

 

 

  

 

Pierre Barjonet

Juin 2015



11/06/2015
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