La palette de Pierre

La palette de Pierre

Froidure

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Froidure

 

 

 

Le sol avait livré son feuillage aux vermines,

Et la neige, changé la livrée de l’hermine,

  Quand la tourbe engloutit les frissons des buissons.

Puis le pinceau laiteux recouvrit les aiguilles,

Enlaça les sapins sous des baisers d’anguilles,

Emprisonnant soudain de frêles hérissons.

 

 

La bise dévora les plis de crinoline

Que les vents et les pluies sculptaient dans les collines,

Par la grêle outrageant l’ardoise des talus.

Sous les auvents d’aisseaux que vint piéger la brume,

S’écoule le fardeau d’un lavoir qui s’enrhume

Arborant au linteau la croix pour son salut.

 

 

Abandonnant la joute aux pires engelures,

Pleurent jolies châtaignes en blanches chevelures

Qui s’étreignent sans bruit ni honte de gémir.

Des rigoles de givre à l’aplomb des vasières

Cheminent de dépit quand sourdent les rivières

Sous le miroir glacé qui tremble sans frémir.

 

 

Et quand le soir survient, couvrant de colophane

L’archet de ces violons voilés pour les profanes,

La bravoure automnale succombe sans clameur.

La plaine terrifiée s’étouffe dans la place,

Pelisse abandonnée par le gel qui verglace

Le heaume du vieux chaume en chaleur qui se meurt.

 

 

Flocons de gomme blanche ont effacé le zèle

Des arbres mordorés, orangés qu’on muselle,

Poudrant le crépuscule en d’étranges visions.

Ô fleurs que vitrifie l’avalanche d’albâtre,

Jamais plus la douceur n’en saurait rougir l’âtre,

La torpeur du linceul lasse par dérision.

 

 

 

 

 

Pierre Barjonet

Novembre 2015

 

 

 

 

 

 

 

 



07/11/2015
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